Parce que les preuves accablantes commençaient à s’accumuler, Cahuzac a fini par avouer avoir détenu pendant vingt ans un compte en Suisse non déclaré au fisc. L’ex-ministre PS du Budget, censé diriger la lutte contre la fraude fiscale, fraudait lui-même. Il expliquait les nécessités de la rigueur au bon peuple, mais s’en exonérait ! L’ancien cardiologue reconverti dans la chirurgie esthétique soignait surtout… ses comptes en banque. Et on ne connaît pas le fin mot de l’histoire.
Frauder au fisc est une seconde nature pour tout bourgeois qui se respecte. Fondé sur l’exploitation, dirigé par les plus fortunés, ce système a fait de l’individualisme et de l’enrichissement ses valeurs cardinales. Il est pourri de fond en comble par l’argent, et c’est logiquement qu’il engendre des politiciens à son image, aussi cupides que dénués de scrupules. Affaire Cahuzac, affaire Sarkozy, affaire Guerini, affaire Woerth… : de l’UMP au PS, la bourgeoisie a la classe politique qu’elle mérite.
Si l’attitude de Cahuzac est révoltante, la vertueuse indignation de tous les politiciens, du PS à l’UMP, qui se succèdent aux micros depuis hier, ne l’est pas moins. Ils jouent les vierges effarouchées parce qu’un des leurs a « menti à l’Assemblée », « menti au peuple », et aurait ainsi, disent-ils tous, « décrédibilisé la parole politique »...
Quelle hypocrisie ! Que font-ils d’autre, tous autant qu’ils sont, que de mentir à longueur de journée, de se faire élire sur des mensonges, d’agir sur des mensonges ! La gauche s’est fait élire en promettant de défendre le monde du travail : mensonge ! Elle a fait semblant de s’offusquer des entreprises qui ferment : mensonge ! Elle vote des lois favorables au patronat, en prétendant que c’est pour le bien du peuple : mensonge encore !
Pour les politiciens de gauche comme de droite, mentir est une seconde nature, un mode de vie. Comment pourraient-ils se faire élire s’ils disaient la vérité : que leur seul objectif est de servir fidèlement les intérêts de leurs maîtres, les grands capitalistes ?
Et même s’il y a d’autres ministres moins véreux que Cahuzac, ils n’en sont pas moins au service de la même classe bourgeoise, habitués à faire les poches des travailleurs pour faire des cadeaux au patronat. Tous nourrissent ainsi le fumier sur lequel prospéreront les Cahuzac et leurs maîtres fortunés tant que durera le système capitaliste.
Nathalie Arthaud
Commentaires
Il semble qu'en France la justice a le plus grand mal à traiter les affaires de finance. La juge Eva Joly décrivait très bien le manque de moyens dans ses livres "Notre affaire à tous" et "Est-ce dans ce monde-là que nous voulons vivre ?". Sans oublier le journaliste Denis Robert qui a failli laisser sa peau en dénonçant le fonctionnement opaque de la chambre de compensation financière Clearstream qui n''avait jusqu'alors perturbé aucun politique. Denis Robert sur qui la presse a copieusement bavé quand il était poursuivi et s'est tu quand la justice a reconnu la qualité de son travail. L'amalgame vous désespère, j'en suis désolé, il suffit de faire pourtant quelques recherches sur internet pour voir que beaucoup d'élus ont affaire à la justice.
L'affaire Chuzac est une horreur démocratique, je suis d'accord avec vous.
Je ne le suis pas, en revanche, sur la généralisation que vous faites en accusant les politiques de tous bords de ne songer qu'à faire les poches du peuple et à s'enrichir personnellement.
On pourrait citer mille exemples d'élus à tous les échelons de la République qui sont dévoués, passionnés par le service public et parfaitement désintéressés.
Votre amalgame est désespérant. Il ne peut conduire qu'au populisme le plus dangereux.