posté le 11-11-2014 à 23:41:14
A l'ouest rien de nouveau
Critique rédigée par "Carre":
Le mot chef d'œuvre est souvent galvaudé.
«A l'ouest, rien de nouveau »
mérite pourtant indiscutablement ce titre. Un récit qui suit le
quotidien d'une patrouille allemande, jeunes mômes lâchés sur les champs
de bataille sans le moindre remord. L'horreur des tranchées, avec une
description à vous retourner l'estomac, le livre de Remarque est un
formidable témoignage antimilitariste, nous montrant une génération
massacrée, traumatisée pour ces rescapés, au nom d'intérêts ridicules.
Ici, que l'on soit français, allemands , russes ou autres, la peur,
l'effroi, la douleur n'ont n'y drapeaux, ni nationalités.
La violence des combats est d'un cruel réalisme. Comment peut-on
infliger un telle barbarie ? Un livre qui soulève beaucoup de questions
et qui n'ont malheureusement toujours pas trouvé un semblant de réponses
à notre époque.
Une claque.
Extraits :
"- « Songe donc que nous sommes presque tous du peuple et en France aussi
la plupart des gens sont des manœuvres, des ouvriers et de petits
employés. Pourquoi donc un serrurier ou un cordonnier français
voudrait-il nous attaquer? Non, ce ne sont que les gouvernements. Je
n’ai jamais vu un Français avant de venir ici, et il en est de même de
la plupart des Français, en ce qui nous concerne. On leur a demandé leur
avis aussi peu qu’à nous.
– Pourquoi donc y a-t-il la guerre? » demande Tjaden.
Kat hausse les épaules.
« Il doit y avoir des gens à qui la guerre profite.
– Eh bien, je ne suis pas de ceux-là, ricane Tjaden.
– Ni toi, ni personne de ceux qui sont ici."
...
Seul l’hôpital montre bien ce qu’est la guerre. Je suis jeune, j’ai
vingt ans ; mais je ne connais de la vie que le désespoir, l’angoisse,
la mort et l’enchaînement de l’existence la plus superficielle et la
plus insensée à un abîme de souffrances. Je vois que les peuples sont
poussés l’un contre l’autre et se tuent sans rien dire, sans rien
savoir, follement, docilement, innocemment. Je vois que les cerveaux les
plus intelligents de l’univers inventent des paroles et des armes pour
que tout cela se fasse d’une manière encore plus raffinée et dure encore
plus longtemps. Et tous les hommes de mon âge, ici et de l’autre côté,
dans le monde entier, le voient comme moi ; c’est la vie de ma
génération, comme c’est la mienne. Que feront nos pères si, un jour, nous nous levons et nous nous présentons devant eux pour réclamer des comptes?
Qu’attendent-ils de nous lorsque viendra l’époque où la guerre sera
finie? Pendant des années nous n’avons été occupés qu’à tuer ; c’a été
là notre première profession dans l’existence. Notre science de la vie
se réduit à la mort. Qu’arrivera-t-il donc après cela? Et que deviendrons-nous?