L'assemblée générale des actionnaires d'Alstom a approuvé la vente de 70 % de l'ensemble de ses activités, toutes celles correspondant à la branche énergie, au trust américain General Electric (GE).
Sur les 7,3 milliards d'euros que GE devrait au bout du compte débourser, le PDG du groupe, Patrick Kron, a indiqué qu'Alstom comptait verser entre 3,5 et 4 milliards à ses actionnaires, bien plus que ce que les analystes financiers prévoyaient. Ce PDG si bien attentionné a donc été approuvé par... 99,2 % de ses actionnaires, dont le groupe Bouygues, propriétaire de plus de 30 % d'Alstom, et qui devrait toucher entre 1 et 1,2 milliard d'euros dans l'affaire.
Ce jeu de Monopoly industriel va se traduire par des changements d'enseignes en pagaille. Selon le rapport du conseil d'administration, 65 000 salariés vont changer de casquette dans environ 390 sociétés, et dans une soixantaine de pays différents. C'est tellement énorme que le nombre précis des sociétés et des pays concernés n'a pas été communiqué, les arrondis semblant suffire aux actionnaires qui ne sont quand même pas à quelques sociétés près.
Quant aux salariés « transférés », beaucoup s'inquiètent, à juste titre. Que va-t-il se passer pour ceux qui travaillent dans des secteurs que General Electric va considérer en « doublons » ? Et pour ceux qui continuent à rester dans le giron d'Alstom, rien n'est garanti. Sur le site de Belfort, la direction a annoncé un sureffectif de 320 personnes en 2015, sur les 600 salariés que compte l'activité transport.
En guise de remerciement pour l'organisation de cette braderie, Patrick Kron a été récompensé d'un super-bonus équivalent au prix de 150 000 actions, soit 4,1 millions d'euros. Et les 2 000 plus hauts cadres d'Alstom se partageront, eux, 60 millions d'euros. Le père Noël est vraiment parfois une ordure...
Betrand Gordes